Le HSTRX_2 : Motivations

Pourquoi réaliser son propre TRX ?

Question légitime devant l’offre commerciale particulièrement fournie..

Considérations pratiques

Le prix de revient ?

Nous pourrions d’abord penser que quelque chose de réalisé de nos propres mains reviendra moins cher que quelque chose d’acheté. Ce n’est généralement pas le cas.
L’ensemble des composants du HSTRX ne devrait pas excéder la centaine d’euros. ça reste faible comparativement au prix d’achat d’un Tx commercial couvrant les mêmes bandes. Ceci dit, il ne faut pas occulter les coûts d’approvisionnement en composants en faible quantité (frais de port), tous les essais sur des solutions qui finalement ne marchent pas, et puis surtout le matériel coûteux nécessaire à la mise au point ( principalement du matériel de mesure). Dans l’ensemble il revient moins cher de directement s’équiper en commercial. Mis à part le cas des TRX en kit, comme les bitX, déjà mis au point et quasiment montés, qui reviennent bien moins cher qu’un appareil commercial.

Donc le prix de revient ne constitue pas vraiment une motivation crédible pour construire et mettre au point son propre TRX, il est a peu prés certains que vous dépenserez plus qu’en achetant un kit ou  même un appareil commercial fini.

( ceux qui n’ont pas fermé la page après ça… peuvent passer à la suite).

La maintenance ?

Pour les questions de maintenance c’est différent. Quand vous construisez votre propre appareil vous êtes capables de le réparer. On sort totalement du domaine du jetable, particulièrement incarné par ces TRX  très bon marché. Donc utiliser un TRX que vous avez construit vous évitera d’avoir sur les bras un appareil devenu inutilisable.

La facilité de maintenance est un argument qui motive indiscutablement la construction de son propre appareil.

L’évolutivité ?

Une nouvelle bande de fréquence amateur devient disponible ( exemple récent, celle des 630M) et votre appareil commercial ne la supporte pas. C’est cuit pour vous. Il ne vous reste plus qu’a utiliser un transverter ou sortir à nouveau la carte de crédit.

De plus, la conception d’un TRX s’inscrit dans un processus itératif. Vous construisez, utilisez et remarquez certains points faibles. Vous les corrigez et utilisez à nouveau etc..
Votre TRX et donc votre station sont en perpétuelle évolution. Utiliser exclusivement du matériel commercial vous prive de cette possibilité.

L’adéquation aux besoins?

Si on prend par exemple le cas des liaisons en SOTA, l’appareil idéal doit consommer très peu, être le plus léger possible, être très peu encombrant. Ce cahier des charges n’est pas du tout le même que celui d’un appareil que nous utilisons à domicile ou même d’un appareil mobile destiné aux véhicules.

Quand j’ai construit mon premier TRX, ces critères de portabilité étaient primordiaux, j’ai donc dirigé la conception vers quelque chose de léger, petit, consommant très peu en réception ( de l’ordre de 50mA ) et présentant un bon rendement   en émission ( proche de 90% au niveau du PA).  Etant destiné uniquement aux modes numériques, j’ai optimisé la conception pour cet usage unique.

Donc construire son propre TRX, c’est avoir du sur-mesure et donc un appareil qui correspond exactement à nos besoins.

Et surtout car cela n’a jamais été aussi facile.

Plusieurs éléments rendent la fabrication de son TRX bien plus facile que ce qu’elle à pu être pour les radioamateurs du XXe siècle.

  • L’abondance, via internet,  des articles techniques sur le sujet.
  • La communication technique entre radioamateurs qui n’a jamais été aussi féconde . Nous pouvons échanger techniquement sur les forums et blogs, voire en vidéo via le net. Ce qui est bien plus pratique que les discussions techniques « sur l’air » ou dans les clubs.
  • Les progrès de l’électronique. L’accès pour des prix modiques à des microcontrôleurs, FPGA, DDS, MMIC, afficheurs LCD.. fait que nous pouvons bien plus facilement que dans le passé concevoir des TRX fonctionnels.
  • Les progrès des logiciels de modélisation et conception ( LTSpice, Kicad..)
  • La facilité d’approvisionnement apportée par les boutiques internet ( ebay, aliexpress..). Nous avons perdus quasiment toutes les boutiques au niveau national, mais nous pouvons nous fournir, pour des prix très abordables, dans le monde entier.
  • L’éclosion du mouvement des makers. La construction revient à la mode hors du monde radioamateur. Profitons en !

 

Considérations moins pratiques

L’instruction individuelle.

L’instruction individuelle et les études techniques  constituent  les fondements de l’activité de radioamateur. Historiquement c’est un milieu de passionnés, d’inventeurs, d’expérimentateurs. Parvenir à construire son propre appareil doit donc être considéré comme une étape importante dans cet apprentissage de la technique de la radioélectricité.

La satisfaction d’utiliser ce qu’on à construit (ou produit).

C’est un sentiment que connaissent ceux qui construisent leurs propres meubles, leur propre maison, leurs propres habits ou cultivent les légumes de leur jardin, cuisinent ce qu’ils mangent, font leur propre pain….. ( liste non exhaustive). Concevoir avec soin quelque chose et ensuite l’utiliser nous rempli souvent  de satisfaction.  C’est une phrase  que j’ai à plusieurs reprise entendue ou lue chez des radioamateurs qui construisaient leur propre matériel : « trafiquer avec quelque chose qu’on a construit, c’est quand même autre chose… ».

Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’en arriver à la construction de son TRX  pour éprouver ce sentiment.Vous pourrez construire une alimentation stabilisée, un ROS-Metre, une antenne, une boite d’accord, un amplificateur de puissance,  des appareils de mesure…
Il y a une multitude de petites choses que l’on peut bricoler et prendre plaisir à utiliser, bien avant d’en arriver à construire un TRX.

Un dernier mot pour ceux qui qualifient cette vision d’élitiste, et d’un certain « mépris de classe » qu’elle exprimerait envers les radioamateurs qui ne construisent pas.
je répondrais en deux temps.

La première chose est qu’il n’y a pas de ségrégation, tout radioamateur aussi faible techniquement qu’il soit pourra progresser avec l’aide des autres . J’ai croisé des radioamateurs dont l’électronique n’est pas le métier, et qui pourtant à force de volonté, sont arrivés à construire leurs propres appareils. Le point de départ de cet apprentissage, c’est le niveau technique demandé pour passer la licence. Il faut vraiment le voir comme le pied à l’étrier et non une fin en soit. Le reste du chemin, c’est de la curiosité et de la volonté.

Le deuxième aspect, est que celui qui ne construit pas n’est pas un « sous-radioamateur », mais un radioamateur qui ne profite malheureusement pas de tout ce que peut lui apporter ce statut. Je dirais dont que c’est un radioamateur moins heureux que ce qu’il pourrait être.

Car nous sommes les seuls à en avoir le droit.

Les radioamateurs profitent d’une dispense d’homologation, c’est à dire qu’ils ont le droit de faire de l’émission radio ( uniquement sur les bandes radioamateur) avec du matériel qu’ils ont eux même construit sans aucun contrôle préalable d’une autorité de certification. Pour devenir radioamateur il faut passer avec succès l’examen de la licence, ce qui, aux yeux des autorités, est un gage de capacité à construire du matériel radio se conformant aux exigences essentielles .  Un cibiste bricoleur, aussi doué en électronique soit il, n’a pas ce droit, il est donc forcé d’utilisé du matériel commercial.

Si nous voulons garantir la pérennité de ce droit sur le long terme, la seule possibilité est  de construire notre propre matériel et ainsi inciter d’autres radioamateurs à en faire de même. Si tout le monde utilise du matériel commercial, qui serait encore la pour défendre une dispense d’homologation le jour ou elle sera menacée ?

A nous d’user autant que possible de ce droit.

Cet article de la série sur le HSTRX est le dernier « non technique », dans le prochain nous commencerons à analyser l’architecture de quelques appareils existants.

David, F4HTQ.

4 réflexions sur « Le HSTRX_2 : Motivations »

  1. Bonjour David,
    Très belle analyse. Et si je peux rajouter un truc, c’est de commencer le montage vraiment quand l’ensemble des composants est réuni et surtout pour les achats d’attendre pour grouper . Car on peut vite dépenser une fortune en frais de port.
    C’est du vécu. Ce petit conseil peut rendre plus agréable le montage en étant assuré d’avoir tout le matos prêt.
    73’s
    Stephan

    • Bonjour Stéphan,
      Remarque judicieuse, mais le soucis c’est de pouvoir tout prendre au même endroit. C’est assez improbable d’y parvenir.
      le truc qui marche bien dans ce cas la, c’est le kit. D’ailleurs il y aurait peut être même un marché a vendre des lots de composants pour kit, mais orienté pour les constructions à base de pastilles collées sur une plaque de PCB. On aurait à la fois tous les composants nécessaires mais aussi la possibilité de modifier facilement le montage, ce qui n’est pas du tout évident avec un circuit imprimé.
      David.

  2. Bonjour David,
    Merci pour ce projet nouveau et excitant !
    J’ai une remarque à faire à propos de nos essais en tant que radioamateur. Les circuits professionnels dont nous regardons les schémas ont fait l’objet de dizaines, sinon de centaines de prototypes avant d’arriver à la phase de production. De plus ils ont été testés dans toutes les conditions imaginables. Je crois que lorsque nous faisons un montage qui fonctionne, nous pouvons le regarder comme un petit miracle et en être déjà très fier !
    Pour ma part j’essaye de tenir un cahier de laboratoire quand j’entame une bidouille, cela permet de garder des traces et de revoir l’évolution du projet au fur et à mesure que le temps passe.
    Amicalement

    • Bonjour Henry,
      Je dois avouer que si je documente des montages sur le blog c’est aussi un peu pour avoir sous la main la « doc » un peu a n’importe quel moment. J’ai une fâcheuse tendance à perdre le papier et donc à être bien embêté quand je dois faire une modification quelques mois plus tard.
      Merci pour votre message.
      David.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *